Reprendre le cours des choses ... ou pas (P.V : Lavi Tettsui)

« Un deux un deux aller on y va bandes de chiffes molles ! »

Ce prof … franchement, il avait compris son rôle dans cette section ? C’était la question que se posait Estelle en courant tranquillement, sur un rythme posé et qui ne l’épuisait pas du tout. Elle était une des premières à s’orienter vers la section des arts martiaux, mais déjà elle regrettait d’être entrée dans ce lycée. Pourquoi ? Parce que son grand-frère était surveillant dans cet établissement mais en plus, il y avait un autre problème qui allait bientôt se poser, ou plutôt deux autres problèmes : Des jumeaux qui avaient débarqué il n’y a pas très longtemps et qui ne la lâchait pas d’une semelle. Combien avait-elle dû user de stratagèmes pour grimper courir et se cacher dans tout le lycée ? Elle ne le savait plus, il y en avait trop pour les compter calmement car elle devait courir en ce moment et c’est tout ce qui importait. Des pas légers et rapides, faisant flotter une chevelure violacée, des muscles se contractant et luisant sous l’effort demandé, sa grande poitrine se secouant sous les soubresauts de ses pas secs et rapides sur le sol poussiéreux de ce stade. Tous les garçons regardaient cet agréable déhanché teinté de grâce et de force autant de volonté que de muscles fins et bien proportionnés. Et pour vous faire le tableau, eh bien … Les garçons étaient tous derrière la demoiselle, en train d’observer le spectacle avec de grands yeux béats. Ok, là ça avait le chic pour taper sur les nerfs de la jeune femme. Déjà qu’elle était asociale, mais là c’était le clou de tout et elle allait le marteler avec une grande force. Oui, une étrange lueur passa soudainement dans l’œil bleu de la fille et elle s’arrêta d’un coup sec, les laissant courir seuls et ne voyant plus l’objet de leur observation. C’était là qu’elle se décida avec un sourire sadique et un éclat d’amusement alors qu’ils avaient fait le quart du tour de terrain en s’arrêtant ensuite qu’elle donna l’assaut.

Le pas léger prit son élan sur ces baskets de sport blanches et noires, faisant voleter les lacets et là, tout claqua car … Elle prenait une vitesse de course ahurissante digne d’un coureur de vitesse faisant partie des grands athlètes. Fonçant tête baissée, le visage se découvrait enfin avec des yeux de feu aussi rouge à cause du sang qui s’injectait dedans. Oui, on aurait dit une possédée et je peux vous assurer que du côté des hommes qui n’avaient pas envie de se remuer, ce fut la confusion puis les hurlements avant de se mettre à faire la course avec à leur train le monstre qu’était devenu la jeune femme, monstre délicieusement beau mais aussi délicieusement dangereux. Tous filèrent à la vitesse de la lumière pour éviter de se faire dépecer par une furie qui criait de sa haute voix grave et suave aux accents sadiques :

« Allez ! Remuez-vous bande de chiffes molles ou je vous imprime les fesses avec autre chose que mes seins ! Je vous dépècerai si vous avez pas le cran de faire ce que l’on vous dit espèces de gros tas de muscles sans ******** ! Vous êtes chez les fruits et pas chez les vegetables alors on s’entraîne et fissa pour les prochaines épreuves ou je vous jure que vous aurez pas que la punition du professeur sur le dos ! Alors bougeeeeeeeez ! »

Eh oui, la jeune et belle Estelle avait beau être charmante physiquement, mais niveau caractère elle avait perdu de sa superbe depuis longtemps, à cause de grands blessures dont elle ne s’était jamais remise. Détestant les hommes depuis cet épisode qui lui avait brisé le cœur, elle ferait tout pour briser les hommes, ceux qui avaient volé sa voix et détruit ses rêves. Ici, elle pensait se ressourcer, la demi-japonaise mais ce n’était pas gagné dans une section où il n’y avait presque que des hommes. Déjà que les premiers jours la jeune femme avait dû en mettre au tapis en pensant qu’elle faisait genre une section gymnastique et là oui ils avaient vus la gymnastique non pas avec une barre, mais avec quelques points et jeux assassins de jambes. La réputation était faite : Estelle ou plutôt Maczilla était née dans les couloirs du lycée. Belle, mais redoutable à bien des points de vue ainsi qu’un stratège organisatrice de renom. Elle était vice présidente et restait campée dans l’ombre de la présidente, mais une complice fidèle qui savait tenir sa position. Elle aimait son lycée, ce qui le constituait même si elle avait un an de plus que les troisièmes années, mais elle avait encore son côté doux qui ressortait par moments … sauf avec les hommes bien évidemment.

Ça y est, le professeur se mettait à rire face à la force qu’utilisait la jeune femme pour remuer son club d’athlétisme et observait avec beaucoup d’attention ces tours qui se finirent plus vite qu’ils ne s’étaient entamés. Ça y est, tous les hommes étaient à terre et la jeune femme malgré sa haute course était encore debout, à peine fatiguée, mais surtout assoiffée. Sa gorge la brûlait et si jamais elle ne prenait pas une pause, c’était elle qui allait se retrouver au sol à la vue de ces imbéciles. D’un pas lent et calme, Estelle se dirigea vers les bancs où sur l’un d’eux trônait ses affaires … quel ne fut pas sa surprise quand elle vit que son sac avait été mis sous un océan d’immondices masculin de on ne sait trop qui qu’elle jeta sans préavis en se pinçant le nez. Franchement, les hommes, elle avait toutes les raisons d’en être dégoutée, c’était décidé ! Prenant sa bouteille et buvant à hautes goulées son eau tout en se rafraîchissant au niveau de ses clavicules sans pour autant mouiller son tee-shirt, elle sentit le regard de quelqu’un se poser sur sa personne, une personne qui semblait la regarder d’un peu trop près même. Se retournant dans un grand voleté de cheveux et son œil droit luisant d’un éclat mauvais, la jeune femme dit en grondant de sa haute voix d’ex chanteuse :

« Qu’est-ce que tu me veux toi ? On ne se connaît pas alors retire de suite ce regard, j’aime pas ça ! »

Les sourcils froncés et sous cette forte chaleur, Estelle observait le jeune homme aux cheveux roux de sa grande taille, même si son interlocuteur semblait bien plus grand qu’elle. Mais les petits que soit sont souvent teigneux et la fille n’était pas du genre à s’en laisser démordre. Lueur de feu, elle était, farouche et sauvage et c’est ce qui faisait ressortir la beauté de cette asociale, mais pourquoi cachait-elle sous cette frange son deuxième œil ? Sans doute car il montrait ses faiblesses …

Aujourd’hui était un jour que j’attendais avec impatience. Pourquoi ? Parce qu’on avait cours de sport et que ça me permettrait de montrer mes talents ainsi que mon corps parfait aux petites minettes fruitées de la classe. Je m’étais levé tôt pour me préparer dans les règles de l’art, une bonne douche tonifiante, une coiffure relevée par mon bandeau qui claque sa maman, un petit short noir particulièrement sexy et un débardeur blanc col v moulant qui faisait ressortir mes muscles, sans oublier mon cache œil… bin oui un œil aveugle c’est pas sexy à montrer alors qu’un bandeau noir comme les pirates ça faisait mystérieux. J’attendais impatiemment l’heure d’aller à ce cours que j’aimais tant, un peu avant que tout le monde arrive j’étais venu m’entrainer et m’échauffer. Autant être tout de suite au taquet !

Tout le petit peuple se pointait avec pour certain une motivation à faire peur pendant que je me régalais en regardant toutes mes petites bimbos en tenue légère. Hmm des jolies petites minettes rien que pour moi ! Enfin … bref, après un speach à mourir de la part de notre prof d’éducation physique nous nous lancions dans la bataille. Au sommet de ma forme je me mettais à trotter avec toute la grâce dont j’étais capable, me concentrant à rester canon dans mon déhanché. Mes fesses musclés se dandinaient joyeusement et je prenais mon pied avec des petites accélérations qui pour moi ressemblait plus à une marche énergétique mais qui me propulsait en tête du peloton sous les encouragements admiratif de notre cher professeur. Si seulement il avait pu être une femme à grosse poitrine… la vie est injuste.

Avec pas mal de tour d’avance dans la vue, les prétendantes que je dépassais semblaient mouiller leur culottes comme un puceau éjaculerait précocement devant une prostituée trop bonasse. Hmm il faudrait peut être que je devienne un peu plus polis dans mes récits. Quoi qu’il en soit cela m’encourageait à continuer mon petit numéro, mon but ? Toutes les mettre dans mon lit avant la fin du premier trimestre. Moi prétentieux ? Je vous en prie vous m’avez bien regardé ? Je ne suis pas égocentrique, simplement conscient de la réalité des choses. Ce que je trouvais dommage c’était que jamais on ne me résistait. La seule fois où c’est arrivé c’était avec cette jeune fille turbulente aux cheveux roses et doux jésus j’avais pris mon pied. Mon point faible c’était sans doute les originales, celles qui ont du caractère, qu’on ne met facilement à quatre pattes pour une bonne …. *tousse* pardon je m’égard. Bon sang quelle perversité !

Revenons à nos montons. Alors que je me perdais dans mes pensées, rêvant de gloire et de choses fortement désapprouvées par les nones, même si j’en ai couché plus d’une. Oui j’ai rendu Dieu cocu à plusieurs reprises mais que voulez-vous, le véritable Dieu ici c’est moi. Une jolie gazelle aux cheveux violets me passait devant avec une facilité enfantine. Voilà qui devenait intéressant, une demoiselle à grosse poitrine qui se permet de faire sa pimbêche et me pique la vedette ? Celle-là n’allait pas faire long feu vous pouvez me croire sur parole. Je ralentissais soudainement pour rejoindre mes camarades restés derrière avec pour objectif de soutirer des infos.

« Hey mec !
- O.. Oui Lavi-sama ?
- C’est qui cette nana ?
- Heu vous voulez parler de celle aux cheveux violets ?
- Evidemment, de qui d’autre ?
- Bin … Elle s’appelle Estelle Mac-leod. Mais tout le monde l’appelle « Maczilla » Si vous voulez mon avis vaut mieux pas s’en approcher. Elle est terrifiante ! Une vraie terreur je vous jure ! Vous feriez mieux de garder vos distances. Surtout qu’il parait que son frère fait partie du personnel du lycée, un surveillant je crois.
- Je t’ai pas demandé ton avis mais juste qui elle était. Cela dit je te remercie, si t’as besoin de quelque chose viens me voir. »

Une tape amical sur l’épaule, un sourire et c’était partie. Je me jetais à l’eau. Cette fille serait ma première conquête dans cette classe. Je m’approchais d’elle discrètement à la fin de la course, la regardant soulever un tas d’immondices qui s’avérait être les affaires des garçons. Avant que je n’aie le temps de dire ouf elle se retourna et d’un air menaçant elle me demanda de cesser de la regarder. Heureusement je ne souriais pas encore sinon elle m’aurait probablement égorgé. Ah les filles de caractère… quoi de plus ban … pardon ça me reprend.

N’ayant que faire de son accueil je m’approchais d’elle avec un sourire en coin.

« Sois plus sympas ça te tueras pas. Je t’ai vu me dépasser pendant la course, bravo belle performance. Cependant j’aime pas tellement qu’on m’expulse du podium. Si tu te montres docile je pourrais sans doute te pardonner. »

J’attrapais sa main et y déposa un baiser en essayant d’esquiver tout geste destiner à me repousser venant de sa part. Me redressant j’étais à présent tout près d’elle et la regardais droit dans les yeux.

« J’aime les femmes de caractère. »

Tournant les talons je m’apprêtais à m’éloigner, espérant qu’elle me retienne. Si ce n’était pas le cas j’improviserais, j’étais doué pour ça après tout. Un poème de mon crue accompagnait mes pas.

« Tout comme une fleur épineuse elle est jolie,
Ma douce je pense que tu es faite pour Lavi.
Apparaissant devant moi telle une déesse,
Je me roulerai à tes pieds pour que tu deviennes ma faiblesse. »

*What the hell ? !* Voilà ce qui voulait sortir des lèvres de la jeune vice présidente. Ce gars là avait-il capté qui elle était ? Ou alors il aimait vraiment se faire passer pour un maso de seconde zone et là ça fonctionnait. Au point que même Estelle s’énervait. Les hommes comme ça, c’était sans doute plus vulgaire, mais du même acabit que son ex, celui qui avait pourri jusqu’à la gorge son corps. Heureusement qu’elle avait encore les poings pour parler et son frère pour la « soutenir » sinon elle aurait vite fait voler ces demi-fortiches dans un accès de colère noire. Oh oui, elle détestait autant que ça les garçons, ils avaient maintenant dans la tête de la jeune femme le même niveau que les blondes qui se prennent pour les stars de la vie, avec leurs petits sourires clinquants, leurs manières … Bouh ! Estelle en eut un grand frisson qui ici ne s’arrêta pas lorsque le jeune homme vint l’embrasser sur le revers de sa main. Son autre main avait failli l’avoir et je dis bien failli l’avoir car ce zigoto s’était mis à esquiver chacun de ses mouvements pour ne pas se faire choper. La poisse ! L’agacement était bien présent et maintenant son dragon intérieur fulminait, brûlait même, la faisant se redresser et apparaître sur son sourire crispé une lueur empreinte de sadisme et d’une grande envie de se venger. Mais cela retomba heureusement bien vite pour le reste de l’assemblée quand le jeune roux sortit son poème. Et là ce fut la blaze attitude totale. La violacée n’en revenait pas. C’était le genre de poème drague naze qui se faisait sur le fil et qu’elle avait eu l’habitude d’entendre durant ses voyages. Non mais il la prenait pour une fleur bleue débile ou quoi ce gars ? Ok, dans une autre vie elle avait été un peu comme ça, comme dans ses chansons, mais là ça relevait presque du comique. Ok, elle serait gentille ou presque avec ce dingo. Elle se tourna tout bonnement pour l’ignorer et repartit à la recherche de ce qui pourrait s’avérer être son sac. Balançant exprès les affaires justement du dit Lavi vers lui, elle s’accroupit et dit d’une voix sèche :

« Au lieu de remettre la poussière en place sur le terrain, apprends déjà à rouler tes affaires et pas en boule, La-vi. On reparlera ensuite de ton poème mielleux qui me fait ni chaud ni froid. »

Enfin la demi jap’ avait trouvé ce qu’elle cherchait et elle l’ouvrit pour attraper des bandages alors que déjà au loin le prof lui hurlait de se dépêcher. C’était pas sa faute si elle avait été ralentie par un dragueur du genre Matéo de Lovely Juliet, même si le quidam virtuel était plus classe tiens. Cela la fit rire intérieurement car les princes charmants ça n’existait plus du tout pour elle. Tout lui semblait futile quand à l’amour et l’expression des sentiments. Tout n’était que carapace qui rejetait avec intensité chaque parcelle de ces choses futiles, la laissant de marbre ou bien dans une colère noire. Jamais plus elle ne serait faible face à un garçon et le roux n’allait pas faire expression à la règle. La mâchoire crispée alors que le professeur maintenant commençait à s’impatienter, Estelle hurla que les mecs n’avaient qu’à mieux savoir mettre leurs affaires d’une autre manière que sur leurs fesses. Ok, la violacée était énervée et le temps de chaleur et de transpiration et poussières n’était pas propice à son retour au calme. L’œil visible empli de fureur, elle pivota vers le soi-disant Lavi et passa à côté de lui en lui fichant d’abord un vent monumental qui claqua autant au yeux du garçon que le bruit que faisait les cheveux de la lycéenne en passant. Quelques mètres plus loin quand même, Estelle s’arrêta sur la piste et se tourna vers le gars tout en enroulant ses paumes sous des bandages avant de commencer ses exercices et c’est d’une voix ne montrant aucune concession qu’elle dit :

« Lavi Tettsui. Si tu ne sais pas encore qui je suis, je vais te le dire. Je suis la vice-présidente et j’ai la réputation de ne laisser aucun sentiment de joie transparaître sur mon visage. Alors tu seras pas le premier ni le dernier à essayer mais … use plutôt ta salive pour les cours de sports. Ce sera plus utile. Et pour ton poème … Je comprends pourquoi tu n’es pas allé chez les cakes. »

Un petit sourire en coin bien mesquin et froid sur ses lèvres, la jeune femme n’allait pas lui dire que cela l’amusait vu qu’elle-même était une pointure du chant et de la composition. Mais il ne fallait pas remuer le passé car celui-ci était douloureux et aussi dégoûtant que ces roses qu’elle avait jetés au bord d’une terrasse. D’un pas lent et précis, Estelle reprit sa marche tout en se préparant pour ses échauffements futurs, bougeant dans un doux déhanché qui faisait flotter ses soyeux cheveux violets autour de son corps. Comme d’habitude, les garçons ne pouvaient pas s’empêcher de regarder le galbe dont elle faisait preuve au naturel, chaque courbe n’étant pas en reste à chaque pas. Mais il fallait garder la distance car Maczilla n’était jamais loin pour sortir et assassiner les éventuels prétendants. Bizarrement, et je dis bien bizarrement, une petite brune des Fruits vint la voir alors qu’elle finissait de serrer les bandages et chose peu commune, une lettre était tendue à l’intention d’Estelle. Dans ces rares moments, un sourire s’illuminait sur le visage de la jeune femme qui d’un revers de la main prit la lettre et embrassa sur la joue la fille longuement en lui chuchotant on ne sait qui la fit rougir et filer de nouveau vers ses copines qui se mirent à roucouler. Tous les garçons le savaient, Estelle le garçon manqué et solitaire un peu roublarde plaisait aux filles et seulement la race féminine avait le droit à ses rares sourires. On se souvenait même de sa nomination en tant que vice-présidente. Trois jours dans le lycée et ça y est elle était en seconde place aux côtés de Myuung ee Soad pour mener à bien ce lycée qui avait toujours ses problèmes secondaires avec l’éternelle compétition qui se jouait entre les maisons. Mais au moins dans l’équipe du conseil des élèves régnait la bonne entente et le travail d’équipe, malgré bien sûr certains différents sur des projets. Des garçons soupirèrent et comme d’habitude le prof ne pouvait qu’en sourire de tout son go car c’était mignon et un moyen facile pour engueuler les soupirants.

Une fois préparée et son énorme queue de cheval mise en place, Estelle commença ses exercices sur la pelouse. Le soleil tapait fort et cela pesait sur le corps, mais c’était aussi une optique pour bien se dépenser et gagner en agilité. La jambe droite mise en l’air alors que le reste de son corps se tenait vers l’arrière, son pied gauche glissa et elle fit un salto arrière en le ponctuant d’un coup de pied retourné. Une fois à terre et en position de s’accroupir dans cette danse digne de la capoeira, la violacée mit ses deux mains au sol puis dans une rotation rapide et forte, fit un tacle avant de se mettre en poirier et se remettre debout en position de défense, mains au devant de son visage. Les yeux à présent fermés, le visage dur et sérieux, elle se focalisait sur son objectif qui lui se trouvait non loin, un espèce de punching ball qui allait certainement prendre une sévère cuite de coups. Et c’était parti. Coup de pied en latéralité suivi de près par une série de coups de poings pour finir sur un coup de genou puis un saut en arrière rattrapé sur le sol par glissade et elle recommença ainsi, chronométré par le professeur durant quatre minutes. Le visage d’Estelle montrait à quel point elle y mettait tout son cœur, ne voulant en rien lâcher sa proie. Oui car elle pensait à quelqu’un en frappant à cette vitesse. Un homme brun et sans vergogne qui l’avait jetée alors qu’elle était encore sous son pseudo de compositrice, une homme qui lui avait promit monts et merveilles pour mieux la rejeter quand il s’est trouvé une cruche plus malléable. Franchement, toute sa rage ressortait et on l’entendait hurler avec un accent si féroce que le vent suivait le mouvement de son cri sans pouvoir s’en détacher. Elle était devenu bête sauvage et son dragon ne fit que luire dans son dos sous ses cheveux violets. La femme qui se tenait là avait trouvé refuge dans le karaté pour essayer de refermer sa blessure mais à quel prix vu le nombre de concessions qu’elle avait dû faire afin de faire claquer ces idéaux de petite fille qui ne sont que poussière et macabre solitude dans ses yeux vairons. Elle avait été androgyne à une époque et aucun homme ne s’intéressait à elle quand elle était ainsi, mais depuis sa transformation, ils n’avaient vu que son physique et c’était cet aspect qui la mettait en rage. Cette pensée la fit achever sur la fin le punching ball qui s’écrasa au sol suite à un grand coup de pied.

En sueur, dans un silence devenu pesant, la jeune femme restait penchée, haletante et en rage contre tout ce qu’elle avait vécu. Rien n’avait été facile pour elle et au combien elle en souffrait, car s’engouffrer dans un néant de rage n’était jamais plaisant et une sympathique balade de classe. Ses yeux luisaient d’une lumière malsaine et c’est d’une petite pousse du pied qu’elle poussa les morceaux du punching ball loin de ses yeux puis elle se coucha sans un mot à terre, prise dans sa respiration saccadée, tout en se rappelant comment elle avait pu éclater aussi facilement l’objet. Crispée de la tête aux pieds, elle restait fermée et énervée jusqu’à ce qu’elle sente une ombre venir, ce qui ne fit que plus l’agacer :

« Qu’est-ce que tu veux encore le Tettsui … ? Tu vois pas que j’ai autre chose à faire que regarder ta tête de beau gosse charmeur me reluquer à terre ? »

Le sourire aux lèvres et un léger soupire plus tard j’avançais de plus en plus lentement. Elle était mignonne, avec un peu de chance je pourrai vraiment me la faire. En plus ça faisait un moment que je n’avais pas fait chavirer le cœur d’une pauvre fille sans défense. Aller résiste moi ma grande, je sais que c’est pour mieux tomber à mes pieds. Ah si elle pouvait ramper derrière moi en hurlant mon nom « LAVIIIII LAVIIIIII » je lui ferais sa petite affaire là, hop en chien de fusil sur le terrain ! PAF PAF PAF ! Roooh doux Jé-Labrador, j’étais vulgaire… c’est vrai que c’était bon mais stop au laisser aller. AAAAH j’avais tellement envie qu’il se passe un truc un peu palpitant ! Je m’emmerdais tellement en ce moment.
Mes affaires apparurent à mes pieds comme par magie, What the fuck ? Elle a osé jeter mes fringues par terre la bougresse ! Grr c’est les siens que j’allais mettre par terre oui ! Mon poème était mielleux ? Mais c’était même pas vrai ! Y en a beaucoup à se place qui m’aurait remercié pour ça, non mais elle n’avait aucune gratitude. Cela dit plus elle m’envoyait pété plus j’étais excité à l’idée de la draguer. Etrange hein ? Bof il parait que c’était une réaction normale, j’avais lu ça dans un bouquin de papi. AHAH c’est qu’il cachait bien son jeu mon vieux panda à houppette. Tout ça parce qu’il arrivait pas à pécho, j’étais sûr que c’était pour ça qu’il m’avait puni en m’envoyant ici. Il n’y avait point d’autre explication, ‘fin si mais bref je ne pensais que ce qui m’arrangeait. La belle princesse aux cheveux violets passa à côté de moi sans pour autant me jeter le moindre regard, j’essayais de la faire réagir en vain.

« Aller on se dépêche ma grande ou tu seras punie !»

En se retournant vers moi elle me balança une suite de mots censés me blesser … Loupé ! Il m’en fallait bien plus pour que je mette à pleurer, dommages que je sois si résistant. Puis son argument sur les cakes, pff m’en foutait j’étais très bien ici. Tous ces types à la grosse tête parce que « monsieur nous avons du talent que vous autres n’avez pas » ça me pompait l’air sérieux. Oui je sais je suis prétentieux aussi mais qu’importe, moi je m’aime. It’s normal ! I’m juste a boy who like girls and I am awesome.

« Si tu ne montres pas ta joie rien ne dis que tu n’en as pas alors cesse donc de jouer les grandes dames du haut de ton piédestal. Tu ne vaux pas mieux que nous juste parce que tu es vice-présidente Maczilla. Tu es belle alors sourit un peu au lieu de faire la gueule sans arrêt, la vie c’est fait pour s’amuser, cesse donc d’être si sérieuse et laisse toi un peu aller. Ça te décoincera un peu.»

Aller prends ça ! Non mais elle pensait me faire fermer mon caquet juste avec ça ? J’avançais tranquillement pour me remettre en place sur le terrain, un petit clin d’œil et c’était reparti. Je m’échauffais tranquillement dans mon coin, faisant rêver les filles qui m’admiraient au loin. Avec un peu de recul je pensais qu’Estelle et moi étions les deux sexe-symboles de la classe. Après tout quoi de plus normal, j’étais beau, charmeur, drôle et plein de joie de vivre. Elle était belle, autoritaire et savait se faire aimer de qui elle voulait. Sans doute étions-nous les têtes de classe en matière de charisme.
J’allais m’asseoir en tailleur à une distance raisonnable de la cinglé des arts martiaux, reposant ma joue contre ma main je la regardais d’un air béat par pure provocation. Avait elle vraiment besoin de faire tout ça pour se rendre intéressante. Pour être honnête ce genre de comportement exubérant me mettait hors de moi, oui c’est bien tu sais le faire mais à quoi ça pourrait bien t’être utile de le montrer ? Tout le monde s’en tartine les cacahuètes de ton spectacle à deux balles. Je savais me battre aussi et pourtant personne ne le savait, une chose n’est impressionnante que lorsqu’elle est utilisée par surprise. Là c’était tout bonnement écœurant, je ne disais pas qu’elle se battait mal, simplement que trop … c’est trop.

« T’es vraiment obligé de faire ça là ?»

Encore une fois j’eu droit à une remarque virulente, n’avait elle toujours pas comprit que rien ne m’atteignait ? Je répondais d’un ton calme et enjoué.

« Je répète, t’es vraiment obligé de faire ici ? Pas que je ne suis pas impressionné mais … mon grand père se bat mieux que toi, ce qui n’est pas une insulte je te rassure. Mon papi est gardien d’un temple sacré et est passé maître dans divers arts de combat alors bon, tes petits lancés de jambes c’est pour moi chose commune. Maintenant ce qui me turlupine c’est pourquoi ici ? J’veux dire c’est pas franchement le moment, y a d’autres moyens de s’échauffer. T’as pas remarqué qu’y a comme un périmètre de sécurité autour de toi ?»

Regardant autour de nous je constatais avec amusement que tous les autres étaient éloignés de plusieurs mètres.

« Regarde moi ça ils sont limite tout petits tellement ils sont loin ! Bon j’exagère un peu mais si tu continue ainsi tu finiras seule, et je ne te le souhaite pas. Un conseil, sois plus sociable.»

Sur ses mots je me relevais avec un air très sérieux en la regardant.

« Les gens qui exhibent leurs talents de cette façon moi ça me donne la gerbe. Si tu tiens à te faire respecter y a d’autres moyen que de foutre les chocottes aux autres avec des nions.
»

Je m’éloignais pour retourner courir un peu, espérant qu’elle réfléchirait un peu à ce que je lui avais dit. Etre seul et se faire rejeter n’a rien d’agréable et c’était le chemin qu’elle empruntait à présent. Pour devenir si renfermé elle avait dut vivre des choses difficiles mais ce n’était pas une raison pour s’en prendre à la terre entière. J’accélérais le pas avec un visage fermé à toute approche sociale. Estelle ne m’était pas antipathique, elle m’intriguait mais avec ce qui s’était passé je ne voyais pas comment nous pourrions être amis, si elle arrivait à me choper maintenant elle m’égorgerait sans doute.

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