Le bonheur est une chose qui arrive et repart à une vitesse si folle qu'il est parfois difficile de garder le rythme. En cette journée, ou depuis la veille en fait, Aki était plus que conscient de ce fait. C'était une des raisons pourquoi il ne voulait pas quitter Sheryl. Elle lui portait de la joie tout comme lui lui en portait, aussi courte soit-elle. Il savait bien qu'il ne pourrait pas rater les cours tout les jours pour vagabonder avec elle et d'ailleurs, la jeune fille aussi devait avoir cours à Tsubasa vu son jeune âge. En fait, il n'en savait trop rien. Certaines japonaises pouvaient avoir l'air d'avoir seize ans quand elle en avaient trente et il ne le lui avait pas demandé. Du moins, pas qu'il se souvienne. Elle n'avait pas l'attitude d'une jeune femme dans la trentaine en tout cas et il doutait fortement de cette théorie. Bref, on s’égare. Il se disait que si elle fréquentait bel et bien le même lycée qu'elle, il tenterait de l'aider et de la faire se présenter en classe s'il le fallait. Ce serait dommage qu'elle soit forcée à faire un travail qu'elle n'aime pas toute sa vie, faute d'éducation.

Il revint à lui en sentant la chaleur des mains de la démone enlacer la sienne. Ses joues se colorèrent un instant, puis le jeune Sakamoto adopta un sourire tendre en l'observant. Elle ne le réalisait certainement pas, mais elle était très mignonne quand elle réfléchissait. S'il n'était pas si timide, il le lui probablement déjà dit en l'embrassant sur la joue ou un truc du genre. Bon dieu ce qu'il aurait fait pour être né comme un perso de shoujo manga ! //PAF// Il secoua la tête pour s'ôter ses idées un peu débiles de la tête, étant aussitôt ramené à la situation par une Shirabana reprenant la parole pour lui exposer son idée. Il n'avait pas à dire, depuis qu'il lui avait demandé ce qu'elle comptait faire elle était tout simplement rayonnante. Il doutait de l'avoir vu si heureuse, même hier quand ils s'étaient battu à coup de farine ou quand ils s'étaient assoupis près l'un de l'autre. Ce n'était pas quelque chose qui le décevait. Au contraire, il était très joyeux de constater une chose qui aux yeux de temps de personnes aurait paru ' banale ' et sans importance particulière. Le sourire de sa princesse avait beaucoup de valeur, encore plus quand il était aussi scintillant. Une valeur qui n'avait rien à voir avec l'argent.

Il n'avait pas eu le temps d'approuver la proposition de la belle qu'elle descendait déjà les marches. Il resta debout un instant, la regardant jusqu'à temps de ne plus pouvoir la voir, puis alla chercher sa veste, refermant ensuite la porte derrière lui sous un air de Colplay provenant des hauts-parleurs qui étaient toujours installés plus loin. Il les avait complètement oublié, tout comme son lecteur qui serait probablement complètement vide, niveau énergie, quand ils reviendraient. Quand il posa son pied sur la première marche, il pu entendre un gros " clac ! " et le cri d'une femme qu'il devinait être la ' grand-mère ' de son amie. Il se senti un peu mal pour elle, avoir une gamine comme la brunette sous son toit ne devait guère être reposant pour une dame de son âge. Il en savait quelque chose, sa grand-mère à lui ne cessait de lui faire part d'au combien elle avait hâte qu'il mature. Oh, il était plutôt mature, vous en avez surement déjà fait la constatation, mais mamie est du genre à toujours trouver un petit quelque chose pour se plaindre. Il espérait ne pas devenir à son tour un vieux qui ne fait que chialer sur la jeunesse qu'il ne peut plus savourer.

Le nippon eut à peine le temps de saluer la dame d'un geste de la main que sa camarade lui saisissait fermement le bras pour le tirer vers leur prochaine destination. Il se gratta le derrière de la tête pour tenter d'encaisser la gêne qu'un contact si soudain lui avait procuré, gardant tout de même le même rythme de marche de la japonaise qui guidait leur exploration. À peine cinq minutes plus tard, ils prenaient un sentier qui menait vers la forêt discrète qui se cachait pas si loin de la ville. Une centaine de mettre plus loin, le grand timide se senti plus détendu, bien qu'il soit de nouveau seul avec cette fille qui semblait prendre plaisir à le faire rougir ça et là. La verdure et l'air frais lui faisaient du bien car depuis qu'il vivait chez sa mamie, rare avaient les occasion qu'il avait eu de les savourer ou du moins pas de façon naturelle ( par là je veux dire que la Sakamoto âgée utilisait parfois des aromatisations pour rafraichir l'air de la maison, mais ça ne bat jamais la vrai fraîcheur d'une forêt quoi ). Il vivait à Tokyo avant, après tout. Du regard, il analysait les lieux, tentant de chercher des indices qui les mènerait à l'étang qu'ils cherchaient.

Le silence était présent, mais pas inconfortable comme celui qui avait précédé leur valse. C'était un moment doux, à chérir, malgré le peu de choses qu'il s'y passait. Au bout d'un moment, le sentier se termina. Ils devaient maintenant continuer sans chemin désigné et n'avaient aucune idée de l'endroit où se trouvait ce lac. Ce n'était pas le genre d'exploration dans lesquelles 'Hiko était très à l'aise, mais il tendait de son mieux de garder une attitude posée. Voulait-il impressionner Sheryl? C'était un homme, c'était tout à fait naturel...mais y avait-il vraiment quelque chose d’impressionnant dans le fait de trouver un lac?

" Fait attention à où tu poses les pieds, il ne faudrait pas que tu trébuches. "

Lui disait-il avec une certaine hésitation. Elle n'avait pas les meilleurs chaussures pour parcourir un boisé, comparé à lui qui avait des baskets plutôt confortables. Elle avait beau être douée avec ceux-ci, cela ne changeaient pas que le chemin serait rude, bosselé et certainement couverts de petits cailloux ( ou de grosses roches ) qui lui ferait peut-être perdre l'équilibre. Il se surprit à surveiller les pas de l'ange cornue plus que les siens. Ce serait vraiment un périple des plus risqués qui ne manquerait pas de sensations fortes, il pouvait le prédire. Il soupira, il était trop tard pour la faire renoncer ou lui demander d'aller change ses chausses. Courage, s'il était attentif, il pourrait éviter le pire. Courage matelot ?

Bien qu'elle lui avait lancé un sourire des plus scintillants et convaincants, Akihiko hésitait toujours à laisser Sheryl poursuivre sa course folle. Il aurait voulu saisir l'une de ses mains pour la retenir et ralentir son pas qui était encore plutôt rapide même si elle se montrait un minimum un peu plus prudente. Il avait même pensé faire son héros et lui dire un truc " Fais moi confiance et marche dans mes pas. " , mais il était loin de ne faire qu'un avec la nature. Découragé, il se disait qu'il ne ferait probablement qu'empirer les choses. Il revint à lui en entendant sa camarade fredonner, haussant un sourcil. La brise vint caresser son visage tout en faisant valser la longue chevelure de Sheryl. Sa chanson était si...triste...mais si belle. Aki avait encore envie de la consoler, même si elle ne pleurait pas. Il n'osait toujours pas la toucher ou faire que ce soit pour l'aider. En fait, la musique l'avait assez perturbé pour qu'il cesse de marcher et la laisse prendre les devants.

Quand elle s'était mise à courir, il l'avait suivit avec un pas lent, encore confus par toute cette mélancolie dans le chant de son amie. Il faut dire que quand il l'avait rejoint, de la voir aussi heureuse malgré que leur trouvaille ne soit pas ce qu'ils cherchaient à la base, lui réchauffa un peu le cœur. Il en avait bien besoin, car il se doutait bien que la belle Shirabana n'était pas d'humeur à parler des choses tristes. Même si le lieu n'était pas le lac ô tant convoité par la lycéenne, c'était un endroit des plus rafraîchissants. À humer l'air frais, sentir le vent lui caresser la peau et percevoir la chaleur des rayons du soleil, il fini par se ' remettre sur pied ' et oublier cet évènement si étrange, bien que beau, qui venait de se produire. Il lui avait directement sourit quand elle lui avait adressé la parole et tendu l'oreille pour l'écouter avec attention. Vous comprendrez qu'il ne tarda pas à comprendre qu'un truc clochait quand il l'entendit crier. Quelle étourdie celle-là ! Il lui avait pourtant dit de regarder où elle mettait le pied. Il paniqua un peu, criant vaguement le nom de l'ange cornue en la cherchant dans l'amas de longues herbes.

Il n'avait pas eu le temps de lui dire de ne pas bouger quand il l'avait vu se relever, qu'elle retombait déjà. Cette fois-ci, il se passa une main sur le visage en se retenant de rire avec elle...qui visiblement était complètement hilare alors que certaines pleureraient parce qu'elles avaient salis leurs beaux vêtements. Il était un peu étonné de la voir si amusée par sa maladresse. Au moins, maintenant qu'il avait pu la revoir, il savait où elle se trouvait et la rejoint en moins de deux. Aussitôt, il s'agenouilla à ses côtés et vérifia qu'elle ne s'était pas égratigné la peau des jambes ou des bras en rosissant. Il se surprenait à être minutieux et regarder chaque recoin. Quel pervers, se-dit-il à lui même en éprouvant encore cette sensation de dégout dans le fond de la gorge. Il secoua sa tête pour se remettre les idées en place et examina la cheville visiblement gonflée de la jeune femme.

" Ça va? C'est pas trop douloureux. "

Pour qu'elle ait moins mal, il lui retira son soulier avec prudence. Suite à quoi il passa maladroitement ses doigts sur l'entorse avec un air inquiet. Le brun soupira et se pinça la lèvre avec une certaine déception.

" On serait mieux de rentrer et la soigner. Je ne voudrais pas que tu la casses à trop t'appuyer dessus...et je veux bien te porter, mais c'est dangereux pour nous deux si on continue les recherches. Ça ne te dérange pas trop? "

Ça le gênait, de devoir la porter et aussi de devoir annuler une expédition qui semblait la rendre si heureuse, mais il ne voulait pas prendre le risque de détériorer encore plus l'état de sa princesse. Tel un prince, il posa avec une grande douceur la " pantoufle de verre " entre les mains de sa Cendrillon, puis passa timidement un bras sous ses jambes et l'autre sous ses épaules pour la saisir et la soulever. Comme la veille, il trouvait que la démone pesait autant qu'une plume...mais il n'avait guère le physique d'un athlète. Bientôt, même le poids léger de la nippone au cœur sensible lui serait difficile à supporter. Ravalant sa salive, il lui sourit timidement et prit la parole pour lui faire une requête qui l'aiderait à tenir le coup un peu mieux. Le poids de la damoiselle en détresse serait mieux réparti si...

" T-tu peux...m'enlacer le cou? J-je veux dire juste passer tes bras autours, h-hein! ? Ç-ça serait surement plus confortable pour toi et plus simple pour moi par la même occasion. P-pas que je veuille pas que tu m'enlaces...c'est c'est juste...que...e-enfin laisse tomber...j-je dis n'importe quoi. "

Et la palme d'Or du plus grand fiasco de Prince Charmant revient à...AKIHIKO SAKAMOTO. En effet, il venait de s’efforcer solide dans ses mots celui là. Il détourna le regard, faisant mine de regarder où il mettait les pieds, et reprit la direction du sentier sans attendre l'avis de la brunette. Son cœur battait à la chamade car les doux cheveux de sa douce lui caressaient discrètement le cou, le faisant frémir et rougir à vue d’œil. Ce n'était pas tout. Sa poitrine se collait, probablement accidentellement, à son torse. Et puis...son visage était si près du sien. Il pouvait sentir le parfum subtil de l'adolescente tellement ils étaient près. Il se mordillait la lèvre pour ne pas trop y penser, se concentrant sur ses pieds et rien d'autre...ou du moins, tentant de se concentrer.

Bien sur, vous l'aurez deviné, Akihiko n'avait guère fini de rougir en cette belle journée ensoleillée. Dès qu'il l'avait proposé à son amie, elle s'était empressée d'enlacer son cou sans aucune gêne. Cela n'avait rien d'étonnant. Sans pouvoir se contrôler, il se racla la gorge pour tenter de faire disparaître son embarras comme il en avait la si mauvaise habitude. D'ailleurs, inutile de spécifier que cette manie lui était totalement inutile. Il était toujours aussi rouge et perturbé que quelques secondes plus tôt. Il comprit que la brunette s'amusait un peu à le faire s'empourprer quand il sentit les doigts de cette dernière se balader entre ses cheveux en bataille. Elle ne le fit pas longtemps, mais ce fut suffisamment remarquable pour qu'il continue de refuser de l'observer. Ses yeux fixaient un rocher, puis le chemin couvert de terre et d'arbustes en tout genre. Il se concentraient tellement sur le chemin qu'il pouvait déjà voir le sentier au loin.

Soudain, il fut ramené à la réalité par les paroles de la jolie démone. Son visage se figea dans une expression de mécontentement. On aurait pu croire que ça l'aurait gêné de se rendre compte des sous-entendus qui pouvaient découler de la phrase de Sheryl. Au contraire, ça le mis en colère. Si elle n'avait pas été dans ses bras, il lui aurait peut-être même tapper la tête avant de reprendre la parole. Les mots sortirent d'eux même. Il se contenta de resserrer très légèrement son emprise sur elle. Elle l'avait remercié entre temps.

" Tu n'es pas un objet, Sheryl. J'ai besoin d'une raison, parce que tu ne devrais pas accepter n'importe laquelle de mes demandes... encore moins celles des autres hommes."

Aki' n'aurait su qualifier s'il venait dire cela par désir de la protéger ou simple jalousie. Peut-être un peu des deux? Il était vrai qu'il ne voulait pas que les autres la touchent...mais il n'en savait pas la raison précise. Il se trouva odieux d'avoir dit cela. C'est comme s'il se l'appropriait juste après avoir dit qu'elle n'était pas un objet. Il était vraiment aussi con que tous ces pervers qui lui couraient après. Il se pinça lèvre. Il n'ajouta rien, continuant le trajet en silence jusqu'au sentier. Il la garda entre ses bras, même si ces derniers tremblotaient déjà un peu. Le chemin était bien plus droit maintenant qu'ils avaient reprit le chemin pavé de la forêt. Sa seule priorité était de renter chez la vieille dame qui s'occupait de l'ange cornue. Elle aurait probablement un meilleur avis que lui, simple ado, sur l'entorse de la princesse en détresse. Il gardait un pas de vitesse normal malgré son épuisement de plus en plus facile à déceler. Son cou et son front perlaient d'une légère sueur qui l'agaçait et lui donnait l'envie de s'essuyer au plus vite comme elles le démangeait et étaient...anti-hygyiènique. Surtout quand on a une jeune fille entre nos bras.

Sous sa poitrine, son cœur s'emballait à la fois à cause de l’exercice forcé et de la proximité, non déplaisante, du corps de la jolie étudiante. Son souffle était tout aussi irrégulier que les battements de son coeur. Il se sentait faiblir à vue d’œil et avait terriblement soif. Il se forçait à ne pas y penser, gardant ses yeux sur le chemin qui lui semblait terriblement long. Bien sur, il s'imaginait des choses et le trajet prit le même délai que lorsqu'ils s'étaient infiltrés dans le boisé. Enfin, les trottoirs et rues de Tsubasa s'affichaient. Elles étaient bien plus remplies que plus tôt, étant donné que ce n'était plus le petit matin. Le nippon rougit encore plus en réalisant qu'il se ferait certainement observer de façon étrange par les citoyens. Le reste du chemin lui serait probablement encore plus pénible que la traversée dans les herbes sauvages. Il soupira puis jeta un petit sourire à son amie pour la rassurer et par la même occasion s'encourager. Il n'étaient pas très loin, au moins.

Il avait eu raison, plusieurs personnes les regardaient. Certaines les jugeaient, d'autres semblaient juste trouver cela très attendrissant comme scène. S'enfouissant le visage sous les cheveux, il continua sa ballade en évitant les yeux curieux des résidents. Bientôt, il senti l'odeur du pain frais et compris qu'il n'étaient plus loin. Avec délicatesse, il posa sa camarade et passa son bras sur son dos pour agripper à sa hanche. Il aurait voulu tenir tout le long, mais il n'en pouvait plus.

" Accroche-toi à moi. On y est presque. Obaachan sauras probablement mieux que moi s'il est mieux d'aller la faire examiner en clinique. D'ici là, soit patiente...d'accord? "

Quelques pas plus loin se trouvait leur ligne d'arrivée. Il ne le réalisait pas, mais il la tenait fermement, s'assurant inconsciemment que son pied ne touche aucunement le sol. C'est comme s'il la soulevait toujours ! Encore rose jusqu'aux oreilles, il lui fit un sourire qui se voulait réconfortant. Elle n'avait pas de chance la pauvre. Elle avait vraiment le pire des princes. Il avait honte de ne pas avoir pu l'aider jusqu'au bout. C'est comme s'il l'avait embrassé mais le sort ne s'était pas rompu. Ils devaient encore travailler sur leur " vrai " baiser d'amour. Ils en étaient encore loin...mais au plus profond de lui, dans une partie bien cachée...Sakamoto en rêvait.