Kooh vivait une journée extraordinaire. Ce matin là, elle s'était fait réveillé par quelqu'un cognant à sa porte. Vous aurez deviné que sur le coup elle n'était pas très enchantée et avait de nombreuses fois supplié qu'on la laisse dormir, mais en entendant les mots de sa camarade de classe cognant de l'autre côté, elle s'était levée d'un bon. Un colis? Elle n'avait rien commandé. Un cadeau de ses parents peut-être? Non, c'était pas leur genre...pas qu'ils n'aimaient pas lui faire des cadeaux, juste qu'elle était en train de faire exactement le contraire de ce qu'ils désiraient pour elle...la rouquine ne voyait tout simplement pas pourquoi elle se ferait récompenser alors qu'elle les fait suer. C'était tout à fait logique comme raisonnement. S'empressant de se couvrir -car après plusieurs heures à s'entrainer et avoir chaud, elle s'était retrouvée à dormir en sous-vêtements-, elle alla ouvrir la porte.

" Bon matin, Ayase-san. Désolée de te réveiller comme cela, mais un homme a emmené ça pour toi en disant qu'il n'avait pas le temps d'attendre que tu te lèves. Il disait avoir des rendez-vous urgents dans des agences... il était un peu étrange. "

L'adolescente ricana de façon maladroite. Son manager était un homme plutôt débordé et parfois un peu loufoque. Quand on doit payer quelqu'un en douce avec son argent de poche, on ne tombe pas toujours sur la personne la plus posée et...normale. Remerciant l'autre fille, la demie sud-coréene saisit la boite et referma la porte en souriant amicalement à son interlocutrice. La boite n'était pas très rigide. Le genre d'emballage qui contient en général des vêtements. Sur le dessus était collé une enveloppe sur laquelle était noté " Félicitations " d'une façon si trouble qu'on devinait facilement que c'était écrit le plus rapidement possible. Tirant sur le ruban adhésif, Kooh saisit le morceau de papier et l'ouvrit pour lire la lettre tout aussi mal écrite à l'intérieur.

Bravo Kooh !
Tu as un contrat.
Assure-toi que ce truc te fais avant le tournage, c'est dans une semaine. Je t'appellerais pour plus de détails. S'il est trop petit, perd du poids et vice-versa. J'ai pas de temps à perdre à faire ch**r les stylistes.
Bonne journée.

Encore une fois, vous devinerez qu'elle sauta de joie, ouvrant la boite avec enthousiasme et gueulant à tue-tête de grands " YATTA ! J'ai réussi! ". Le contenu de l'emballage n'était autre qu'un maillot de bain deux pièces, accompagné d'un boléro d'été sans manches assorti, d'une jupette tout aussi assortie, d'un collier de fausses perles roses décoré d'une fleur exotique, d'un bandeau également décoré de la même façon, de bracelets en plastique transparents ainsi que d'un élastique pour cheveux composé des petites perles similaires à celle de l'autre accessoire. Les couleurs étaient principalement le jaune, l'orange et le rose. Par exemple, le maillot lui même était rayé des couleurs des agrumes alors que les bretelles et autres détails étaient roses. Je ne vous énumèrerait pas le tout, ce serait bien trop long et une image vaut milles mots ~

Elle referma la boite la prit tout en terminant de s'habiller convenablement pour se rendre à la piscine. Rendue là bas, elle se doucha rapidement dans une des rares cabines intimes du lieu et enfila le maillot de bain à sa sortie sans s'essuyer...n'ayant pas pensée à s'emmener une serviette. C'est moche, hein. Bah, ça arrive les oublis ! Bref. Une fois cela fait, elle prit le temps de constater que ça lui allait très bien. Elle ne mit que quelques accessoires et évita les vêtements. C'était la piscine alors elle pourrait les abimer si ils devaient tomber dans l'eau bourrée de chlore. La dernière chose qu'elle voulait faire, c'était bien amocher ses sublimes vêtements de scène.

Enfin, la future idole sorti pour rejoindre les autres sans trop se soucier des regards. En fait, elle savait très bien que personne ne s’intéressait particulièrement à elle pour le moment et elle n'avait, pour une fois, pas envie de se faire remarquer. Disons que ces talents de nageuses n'étaient guère des plus majestueux. Elle était là pour essayer le maillot et filer le plus rapidement possible ensuite. Insoucieuse des regards, donc, elle se retourna un peu en grimaçant et glissa un index entre son maillot et sa fesse pour le replacer. Et oui, c'est à ce moment là qu'elle remarqua que quelqu'un la regardait. Quelqu'un qu'elle connaissait bien d'ailleurs. Coffre-à-glace en personne. Son nouvel ami. Aussitôt, elle rosit et détourna la tête pour reprendre son sang-froid. Elle ne devait pas se laisser influencer autant par cet idiot ! Elle devait l’embarrasser lui pour oublier son propre embarra. Elle s'approcha donc d'une démarche des plus naturelles et sourit doucement au jeune homme, s'attirant déjà les éclairs de quelques groupies pas très loin.

" Ohayo, Lyo-kun ! Comme ça, on vient à la piscine mater les jolies jeunes filles en maillot. Je le savais que vous étiez un pervers. "

Au loin, elles entendaient vaguement les fans de Monsieur Sakuraï l'insulter et demander pour qui elle se prenait à oser l’appeler par son prénom alors que quelques jours plus tôt, elle l'insultait devant tout un public. En plus, elle osait insinuer que leur idole était un vicieux!?!? Oh, mais elle cherchait la mouise elle! L'enfant star se retenait pour ne pas éclater en sanglots...de rire ! Comme elles pouvaient être ridicule. Elle était de bonne humeur, alors ce genre de menaces idiotes ça n'allait pas la stopper. Elle parlerait à ce surveillant si elle en avait envie, elle lui ferait des sous-entendus si elle le désirait, elle ne nommerait comme elle le voulait et qu'elles aillent toutes péter dans les fleurs si ça ne les enchantaient pas ~ !

Kooh fut d'abord surprise par la réaction du surveillant, mais elle ne tarda pas à la comprendre. Il semblait exaspéré par sa remarque et la serrait, encore une fois, sur le bras. Le même, exactement au même endroit que l'autre jour! Il faisait exprès ou quoi!?!?! L'adolescente ne put retenir une plainte de douleur alors qu'il empoignait sa peau fortement sans même montrer une once de joie. Même pas un sourire en coin ou un petit clin d’œil pour montrer qu'il ne faisait que séparer travail et amis. Non, aucun de ces signes aussi subtils aient-ils pu être. C'était Lyo le coffre à glace qui la tenait ainsi, la tirant sur la pointe des pieds et prenant froidement la parole. La rouquine frissonnait, elle n'aimait pas cette personne. Ce n'était pas l'homme avec qui elle parlait lors de ses escapades nocturnes. Elle avait bien comprit le message, mais pourquoi était-il aussi froid? Après tout, ces filles qui l'avaient invité et s'offusquaient de sa familiarité avec le membre du personnel...il était chaleureux avec elles. Il leur souriait et répondait à leur questions. Pourquoi elle, elle n'y avait pas droit? Était-elle si affreuse? Il avait honte d'être gentil envers sa personne peut-être? Elle avait des cheveux de la couleur du feu, mais elle n'avait pas des cornes! Il n'avait aucune raison particulière de la traiter tel un monstre.

Les sourcils froncés et les joues gonflés pour retenir les insultes nombreuses qui se formaient dans sa tête, la lycéenne tourna le regard alors que son supérieur la relâchait. Croisant les bras et marmonnant à elle même une phrase du type " Si on peut même plus rigoler ", elle continua de regarder ailleurs tout en écoutant la conversation que Lyo avait avec les autres adolescentes. Apparemment, les jeunes filles avec qui le garçon discutait n'étaient pas les seules fans de ce dernier présentes sur les lieux. Un trio d'étudiantes la regardait de loin avec les yeux emplis de colère. La future idole ne se contenta que de leur jeter un regard qui signifiait très clairement " Vous voulez ma photo? " et se retourna vers le petit groupe près d'elle. Aussitôt, son ami - dont elle doutait fortement de l'amitié - se dirigea vers elle en ricanant doucement et tenta de l'inclure à la discussion. Ils parlaient apparemment de la soirée pyjama organisée par la belle Estelle. Se mordillant un peu la lèvre pour se calmer, la chanteuse fini par répondre sur un ton plus désolé qu'elle ne l'aurait voulu. Sa voix laissait transparaitre qu'elle s'excusait pour plus tôt, même si ses paroles n'avaient aucun lien avec cela.

" Bien sur que je vais y aller...je dois bien me faire des amies, aussi. Ça aide pour la réputation. "

Presque aussitôt qu'elle eut répondu, Lyo reçu un appel. Un peu déçue et fatiguée par la tournure des évènements, la demie sud-coréenne salua les autres filles d'un signe de main faible et d'un sourire maladroit qui se voulait une demande de pardon, puis elle les laissa tranquille. Elle n'avait pas envie de rester là plus longtemps. Son cœur lui faisait atrocement mal et elle n'était plus d'humeur à rigoler. Elle savait maintenant qu'elle ne lui parlerait plus quand ce n'est pas la nuit, au risque d'encore se faire tirer par le bras. Soupirant, elle commença à détacher ses cheveux et se dirigea à nouveau vers les vestiaires. Elle avait toute la semaine pour essayer le maillot. Elle reviendrait demain ou l’essaierait dans les douches si c'était préférable. Tout ce qu'elle voulait, c'était se changer les idées.

Toutefois, ce ne serait pas pour tout de suite. En effet, les trois groupies qui la fixait furieusement plus tôt venaient de se poser devant elle pour lui bloquer le chemin. Soupirant à nouveau et installant l’élastique de son ensemble à son poignet, la demie nipponne leur jeta un autre regard de la même panoplie que celui qu'elle leur avait si gentiment offert plus tôt. La plus grande du trio, qui semblait être leur leader, prit alors la parole suivie de près par ses acolytes. La jeune Ayase n'avait même pas un instant pour la plus minime des répliques et se voyait forcée à écouter en silence.

" Non mais, tu te prend pour qui toi à insulter notre Lyo ! "
" Il n'est pas un pervers ! Il est ici pour faire son TRA-VAIL. T'es juste jalouse parce que les gens tu n'as pas la reconnaissance qu'il reçoit. "
" Et puis, c'est quoi ce ton que t'emploie avec lui? Tu te prend pour sa copine peut-être? Tu veux quoi? Coucher avec lui peut-être? Ce serait le genre d'une fille comme toi. Après tout, t'as surement du écarter les cuisses pour recevoir des contrats, non? "

Ça, ce fut la goute qui fit déborder le vase. La starlette s'apprêta à frapper celle qui venait de lancer ces derniers propos. Par contre, tout était prévu. Dès que ses bras de furent plus près du reste de son corps, la meneuse du groupe s'approcha et tirant sur le nœud au devant du maillot de la rousse. Alors que celle qui devait être attaquée lui prenait les bras, la troisième retirait son haut et le jetait à l'eau. Aussitôt relâchée, elle sera ses bras sur sa poitrine dénudée en rougissant alors que certains garçons sifflaient, d'autres rigolaient et des filles commençaient déjà à se séparer pour aller récupérer le vêtement dans la foule de baigneurs. Elle aurait voulu les injurier, les frapper, les torturer...mais elle en était incapable. Son corps ne voulait plus bouger et ses jambes tremblotaient alors qu'elle était totalement humiliée devant des tas d'élèves. Et ça n'était pas fini. Tremblotante et retenant de son mieux ses larmes qui semblaient impatientes de sortir, elle fit pousser vers l'eau par ses trois agresseurs.

" T'as honte ? "
" Tu vas pleurer peut-être ? "
" T'as qu'à aller le récupérer ! Sale pouffe ! "
" Et t'approches plus de lui !!! ", finissaient-elles à l'unisson.

Puis elle tomba à l'eau. PLOUF! Les jeunes persécutrices partirent aussitôt, sans regret. De son côté l'artiste se débattait. Vous vous souvenez que je vous ai dit que ses talents de nageuse de son pas très fameux? Et bien en fait, elle ne savait pas nager. Oh, elle a déjà été à la plage et a déjà profité du soleil...mais la nage n'a jamais été son fort, bien qu'elle ait de nombreuses fois essayé. Malgré l'eau, elle entendait faiblement des gens s'agiter au dessus alors qu'elle s'enfonçait en serrant les yeux et en s'étouffant avec le liquide au goût prononcé de produit nettoyants. Puis ce fut le noir total...

L'inconscience. C'était une chose qui déplaisait énormément à Kooh. Cet impression de quitter le monde...de ne plus le revoir. Elle l'avait déjà vécu dans des circonstances bien différentes. Les yeux serrés, car le chlore et les autres produits lui piquaient l’œil, elle écoutait attentivement les actions en cours malgré sa tête qui tournait intensément et ses poumons qui lui faisaient atrocement mal. À peine avait-elle entendu quelqu'un sauter que ça a avait été le noir total. Allait-elle être sauvée. Heureusement, oui...mais elle n'était pas éveillée pour savoir qui l'avait fermement tenue pour la sortir de l'eau. Elle n'était pas consciente pour savoir qui posa ses lèvres sur les siennes pour lui administrer de l'air et à qui appartenaient ces larges mains qui pressaient sur sa poitrine pour forcer l'eau à sortir. Alors qu'elle crachait l'H2O, elle aurait voulu ouvrir ses yeux et regarder son sauveur. Elle aurait voulu le remercier comme n'importe qui l'aurait fait. Son corps était trop faible pour répondre à ses requêtes.

De grands bras la saisirent un court instant pour la poser sur une chaise. Elle entendait les chuchotements des élèves autour, mais n'y comprenait pas grand chose. Son souffle était un peu saccadé, comme si elle avait oublié comment respirer, mais bien vite il se calma. La rouquine remarqua alors qu'elle avait très froid...plus particulièrement à l'endroit où les mains avaient pressé. Cette sensation resta malgré le tissu qui fut délicatement posé sur elle alors qu'elle réalisait qu'elle était probablement toujours à moitié nue. Ses joues rosirent un peu malgré elle alors qu'elle tenta à nouveau de bouger, juste pour tenir la serviette. Elle n'en avait toujours pas la force. Elle entendit une voix familière, criant froidement des ordres. Un faible sourire s’immisça un bref moment sur son visage. Il ne changeait pas, même dans ces moments là. Encore une fois, une main se posa sur elle. C'était la même que tout à l'heure. Cette main large déplaçait quelques mèches encombrante de son visage. Ses joues s'empourprèrent un peu plus, mais le contact fut temporaire tout comme le rouge sur ses pommettes. Elle avait toujours mal et se sentait toujours aussi faible, ne comprenant rien à ce qu'il se passait autour. Si elle avait su, elle aurait probablement préféré le fait de ne pas savoir que tout les regards était rivés sur elle. Être reluquée alors qu'elle était aussi affaiblie n'aurait fait que la rendre encore plus honteuse des évènements.

Elle ouvrit presque les yeux quand, pendant qu'encore ces touches se posaient sur elle et ces bras puissant qui depuis tout à l'heure la trainait d'un endroit à l'autre l'entourait une nouvelle fois. Cette fois-ci, elle se sentie plus collée à l'homme qui la portait. Ses doigts glissèrent sur le torse trempé et dénudé de son sauveur dont-elle ignorait toujours l'identité. Elle ne put s’empêcher un petit sourire béat qu'elle réussi à cacher sous la serviette peu remontée vers son visage à cause de son actuelle position. Perverse? Non, mais un torse bien musclé, c'est toujours réconfortant ! Surtout dans ce genre de moments !!! * toussote *... 'Fin bref, elle fut posée et reprit reprit son visage presque terne en sentant la froideur du sol lui glacer le dos. Ils n'étaient plus au soleil et ça se sentait. De fortes paumes vinrent encercler une de ses mains et à nouveau, elle rosit légèrement...jusqu'à ce qu'elle entende la voix de la personne lui tenant la main. Charmant, comme toujours. Grimaçant, elle du se retenir de ne pas répliquer, étant bien au courant qu'il ne faisait que se venger pour ses propos de plus tôt. Ils ne devaient pas être entouré pour qu'il la surnomme de la sorte. Tranquillement, elle entrouvrit les paupières et tourna son regard flou et épuisé vers un Lyo trempé...et nu torse. Le lien ce fut aussi rapidement que cela. L'étudiante ne put s'empêcher de rougir en comprenant que ce corps qui la serrait depuis sa sortie de la piscine, c'était celui de cet imbécile de surveillant. Non mais!?! Il faisait quoi là? Elle pouvait se plaindre d'attouchements dans ce cas là? Son ton ce fit à son tour cynique quand elle reprit enfin la parole d'une voix rouée, probablement par sa toux de plus tôt.

" Parlez moins fort, vous me donnez mal au crâne ! Vieu-...Monsieur Sakuraï. "

Oups, ça avait failli glisser. Un chance, elle ne s'était pas rendue au mot " lollicon ". Tremblotante, elle réussi à se relever sur ses coudes et poser sa main sur la ' couverture ' lui couvrant les seins. Elle avait du mal à encaisser la nouvelle. Pourquoi lui? Pourquoi c'était toujours lui qui venait à son secours? Quand elle pleurait, elle voulait se jeter dans ses bras. Quand elle était enragée elle voulait encore plus le faire, pour demander le pardon...et encore une fois, elle voulait l'enlacer. Si ça n'avait pas été du risque que cela aurait pu engendrer, elle serait probablement déjà accrochée à son cou. Évitant le regard du surveillant, elle rougit encore et fronça les sourcil pour faire passer ça pour un sentiment de colère. Son cœur martelait encore comme un débile. Elle n'en comprenait pas l'origine et ne voulait guère la comprendre. La lycéenne pinça un peu ses lèvres ensembles en réalisant tout ce que ça voulait dire...mais il ne faisait que son travail. Ce n'est pas comme s'ils s'étaient vraiment embrassés...surtout qu'elle n'était pas consciente donc CERTAINEMENT pas consentante. SURTOUT pas avec lui! Franchement! Elle et le coffre à glace? Même un fils à maman aurait plus de chance que ce vil personnage. Ayant un peu reprit ses esprits et ayant un peu moins mal, elle réussi à s'asseoir plus ou moins convenablement et regarda encore Lyo. Impossible de se tromper. Il était trempé de la tête aux pieds...il n'avait quand même pas décidé de courir prendre une douche alors qu'elle se noyait, hein? Sur un ton un peu forcé, elle admit sa faute. Encore une fois, la future idole n'était qu'une damoiselle en détresse devant son ami.

" Merci...de m'avoir sorti de là. Je vous en dois beaucoup maintenant, n'est-ce pas? "

Prenant une voix plus basse pour éviter les oreilles curieuses, elle s'approcha juste un peu pour ajouter quelques autres mots. Maintenant, sa voix prenait une teinte emplie de sincérité...mais surtout de culpabilité. Elle pouvait bien dire n'importe quoi, elle savait qu'elle avait cherché ce qui lui était arrivé. Bon, elle ne pouvait point prédire que les trois groupies de son ' confident ' ( si je puis me le permettre? ) étaient de vraies folles. Des tespu jalouses et de vrais ingrates qui se foutaient des conséquences de leurs actes...mais elle l'avait cherché! Jamais elle aurait du lancer de tels mots au mystérieux membre du personnel, et elle l'avait bien compris...bien que ça reste tentant et tout à fait possible en dehors d'un endroit où ils pouvaient être écoutés.

" Je suis désolée. Même quand j'essaie de ne pas vous causer des ennuis, je me retrouve dans la pire des situations. Je ne suis pas la meilleure des gamines de 16 ans que vous auriez pu choisir comme première amie à Pantsu...je suis probablement la pire. Pardonnez-moi mes gamineries. Je ne recommencerai plus. "

Oh, certes il était idiot. Certes, il lui donnait envie de frapper partout, de déchirer des oreillers à plumes en les tapant contre un mur ou de faire toute autre chose pouvant évacuer un grand sentiment de colère et de haine. Certes, cette dernière phrase qu'elle avait prononcé était très probablement un mensonge... mais il était son ami. Son seul ami pour le moment, en plus. Elle ne voulait pas le perdre pour des sottises. Il lui tenait bien plus à cœur qu'elle ne pourrait l'imaginer. Ses doigts se resserraient sur le tissu alors qu'elle affichait un air franchement désolé à son complice. Il y avait quelque chose de spécial en cet homme qui l'empêchait d'abandonner...

L'homme avait saisi ses mains et par la même occasion l'avait forcé à lui faire face. Kooh rosit un peu, pour plusieurs raisons. De un, elle ne s'attendait pas à ce genre de contact, aussi normal puisse-t-il paraitre, en public. De deux, les paroles qu'il lui lançait étaient terriblement touchantes et son cœur se mit à battre un peu plus vite quand elle entendit les mots du surveillant. Elle était incontestablement heureuse que non seulement il la pardonne, mais aussi qu'il insiste sur le fait qu'il voulait la protéger, peu importe ce que les autres pensaient. De trois, le regard intense de Lyo se plongeant dans le sien sans aucune chance de pouvoir le fuir, ça l’embarrassait. Et finalement, elle ne pouvait plus tenir la serviette entre ses doigts et serrait donc ses bras contre son corps en espérant ne pas ENCORE se retrouver dénudée devant son ami. Ses mains tremblotaient légèrement alors qu'encore une fois, elle se retenait de lui sauter dans les bras en penchant la tête pour éviter son regard. Aussitôt qu'il lâcha ses mains pour aller encore une fois parler à son collègue, probablement pour lui dire que tout allait bien, elle saisit fermement la serviette et la serra contre elle en rougissant un peu plus. Elle n'arrêtait pas de se repasser les paroles de Lyo dans sa tête et ne pouvait retenir un sourire chaleureux de se former sur ses lèvres. Sous sa main, elle sentait son cœur taper violemment contre sa poitrine à un rythme incalculable.

* Baka, pourquoi tu t'emballes comme ça !?! *

La rouquine se serait certainement frappé la poitrine si elle était certaine que ça pouvait calmer ses battements...mais elle n'était pas si bête. Elle ne remarqua pas tout de suite le retour de son copain, qui était maintenant assit à ses côtés. En fait, elle n'en prit conscience qu'au moment où elle senti le manteau de ce dernier se poser sur ses épaules. Elle fit un léger soubresaut en sentant le poids, tout de même léger, du vêtement sur elle. Ses mains se desserrèrent des la serviette pour ramener le manteau sur la totalité du haut de son corps. Elle devina tout de suite que c'était à Lyo à cause de l'odeur qu'il s'en dégageait. Sans même hésiter, elle se mit à humer cette senteur qui lui semblait très réconfortante. Ça n'était pas l'étreinte qu'elle se retenait de forcer depuis tout à l'heure, mais ça lui fit beaucoup de bien. Encore une fois, elle les sentait. Ces cognements sous son corsage. Forts et rapides. Elle rosit encore et hocha énergiquement la tête de façon négative pour se sortir de ces songes. Elle ouvrit les yeux et jeta un coup d'oeil furtif vers son interlocuteur, espérant qu'il ne l'avait pas vu faire ça. Il allait la prendre pour quoi s'il l'avait surprise à respirer sa fragrance? Il allait certainement en profiter pour la traiter de perverse...mais il semblait qu'il ne l'ai pas vu. Il brisa le silence, faisant faire un bon d'au moins dix mètres à son pauvre cœur qui en vivait déjà gros. Plus que des amis?

" M-mais voyons, qu'est-ce que vous racontez là, Sakuraï-san? "

Elle disait ça, mais elle savait bien de quoi il parlait. Il parlait justement de ses joues toujours rosées et de son coeur battant presque constamment à la chamade à la simple pensée qu'elle avait pour sa personne. Ses paroles témoignaient de son incertitude, de son inquiétude...mais aussi de sa peur. La rousse se demandait si c'était sage de se rapprocher encore plus de lui...mais elle en avait envie et elle le niait si mal. Après tout, elle venait quand même de renifler son manteau. Difficile d'oser nier un désir de rapprochement après un tel acte, non? Se disant qu'elle devrait VRAIMENT réviser son jeu d'actrice quand elle faisait son propre rôle elle répondit. Elle s'était un peu reculée en rougissant et avait bégayé comme une idiote en prenant un ton TOUT sauf naturel. Il était évident qu'elle ne disait pas ce qu'elle pensait. Posant tout de même un silence embarrassant avant de se reprendre, elle fini par rectifier ses dires.

" N-non, je suis une idiote. C'est un peu tôt pour affirmer quoi que ce soit...mais vous avez raison. Moi aussi je ressens ce...vague sentiment. Pourquoi le demandez-vous si ça vous parait...s-si évident? "

Lui souriant doucement, elle le regardait avec un air empli de curiosité. Elle allait s'évanouir à nouveau s'il lui lançait un truc trop choquant ou posait un silence aussi long que celui qu'elle semblait avoir laissé entre ses paroles. Elle replia ses jambes vers elle et posa ses mains sur ses genoux en continuant de l'observer. Elle devait être certaine qu'il parlait bien de ce qu'elle pensait...parce que c'est ce qu'elle voulait le plus en ce moment...même plus que son rêve de scène.

Les doigts fins de Kooh se serrèrent doucement sur ses genoux repliés. Elle était surprise par les aller-retours de Lyo qui semblait tout aussi troublé par ce qu'il faisait qu'elle ne l'était par ce qu'elle avait déjà entendu. Elle l'observait alors qu'il prenait son visage avec délicatesse. Ses joues rosirent quand elle senti ses lèvres être touchées par le pouce du surveillant et qu'une image lui vint en tête. Elle ne voulait pas qu'il les caresses de ses doigts. Elle aurait préféré qu'il se rapproche encore plus et qu'il brise totalement l'écart entre eux. Que leurs lèvres, jumelles destinées à se rencontrer, se croisent enfin. Toutefois, vu le lieu ce n'était qu'un rêve à reporter à plus tard. L'étudiante s'étonnait en fait déjà du confort que l'homme semblait avoir par rapport à la situation. Ne s'inquiétait-il pas d'être vu? N'avait-il pas peur d'être jugé ou puni pour son rapprochement? Son cœur battait maintenant si fort qu'elle avait l'impression de suffoquer, mais le regard de son béguin -car c'est bien cela quand le sentiment est vague- l’apaisa. Elle en oublia presque le son de l'eau et des adolescents se baignant à quelques mètres plus loin. Il n'y avait plus qu'elle et Lyo.

Ses mains tremblotaient sur ses genoux alors qu'il lui parlait à nouveau. Elle se pinçait les lèvres pour se retenir de l'interrompre, lui sauter dessus et l'embrasser. C'était si tentant. Il était si près. Sa fragrance était encore plus présente et elle se devait de résister, mais elle voudrait tellement l'entourer de ses bras. Même malgré son accoutrement peu convenable, elle en avait envie. Sentir leurs poitrines nues, collées l'une à l'autre. Ressentir leurs cœurs, battant à l'unissons. Rougissant un peu plus en continuant de savourer chacun des mots tendres qu'il lui envoyait, elle planta discrètement ses ongles dans la peau de ses jambes pour encore une fois se calmer. Il n'était pas qu'un pervers. Il avait quand même le droit de terminer sa phrase et il fallait dire que les battements se refirent très rapides et intenses. Il allait le dire! Là, sur le rebord de la piscine. Elle voyait la lueur dans ses yeux et savait qu'elle aussi elle l'avait. Elle voulait entendre ces mots. Ces petits mots si simple qu'on ne lui avait jamais dit avec autant d'émotions. Ces mots qu'elle n'avait jamais dit en les pensant vraiment, si ce n'est qu'à sa famille. Ces trois mots qui voulaient tout dire.

Elle ne les entendit pas. À la place, elle perçu la voix d'une de ses camarades de classe qui s'adressait à celui qui, à l'instant même, avait passé à un poil de lui faire une déclaration. Du moins, c'est ce qu'elle avait cru comprendre. Tandis qu'il lâchait son visage, elle détourna le regard vers le ciel, dans la sens opposé à celui de la discussion entre le membre du personnel et l'étudiante. Elle aurait voulu crier contre cette fille, lui dire de leur laisser encore cinq petites minutes, voir des secondes. Il devait terminer cette phrase. La demie nippone était rouge, autant de gêne que de frustration. Elle devinait quand même qu'il serait idiot d'en faire une crise et resta calme, se contentant d'enfoncer plus fortement ses ongles dans sa peau pour dompter sa rage. L'ado du sortir de ses songes pleines de déception et de fureur, le temps de voir un homme soudainement distant lui tendre ses accessoires et son haut de maillot qui qu'elle avait perdu - ou qu'elle s'était fait arracher - dans sa chute. Incapable de lui faire remarquer son soudain manque de familiarité, elle hocha simplement la tête et attendit qu'il se retourne pour s'asseoir plus convenablement et enfiler son vêtement en se cachant de son mieux sous le manteau. Aussitôt que ce fut fait, elle ôta sa ' cape ', se leva - tremblotant légèrement car elle n'avait par marché depuis sa perte de conscience - puis se précipita vers son ami.

" Sakuraï-san ! Je dois moi aussi retourner à mes occupations. Tenez, voilà votre manteau. "

Elle n'avait pas envie de le lui redonner, mais c'était la seule idée valable qu'elle avait eu sur le coup pour avoir une raison de lui courir après. Si elle l'avait tout simplement suivi, les autres personnes présentes pourraient se faire des idées et elle ne voulait pas que ça se sache. Bien que gamine, elle savait comprendre que c'était risqué pour chacun d'eux si les gens venaient à apprendre l'existence de ce ' vague sentiment ' entre eux. Si seulement elle avait pu garder le vêtement, elle en aurait surement profité pour en humer encore une fois la senteur si reposante une fois seule. Elle n'attendit pas qu'il le prenne pour ajouter quelques mots, se concentrant le plus possible pour ne pas s'empourprer et éveiller les doutes des curieux aux alentours.

" J'espère que nous aurons l'occasion de terminer notre conversation très bientôt, Monsieur. D'ici là, faites attention à vous. Encore merci de m'avoir sauvé. "

Sans hésitation, elle posa sa main libre sur la joue droite de son sauveur et se mit sur la pointe des pieds pour poser un furtif baiser sur l'autre. Oups, ça elle n'avait pas pu le retenir. Au moins, elle s'était empêcher d'aller dévorer ses lèvres juste après. Une fois ses pieds à nouveau sur le sol, elle sourit et força le gardien du dortoir féminin à reprendre ses effets. Elle lui tourna le dos sous les regards étonnés des quelques élèves ayant vu son geste et reparti en regardant droit devant elle, ses joues rosissant faiblement à nouveau. D'un geste de main, sans se retourner, elle prit une dernière fois la parole avant de disparaitre dans la foule.

" À bientôt. "

À ce soir...Lyo.